Elle s'est basée sur le Hadith du Prophète Sidna Mohamed, prière et paix sur Lui, d'après Tirmidi rapportant les propos de Omaïma Bint Rouquaiqa qui a dit : Je suis venue voir le Messager de Dieu, prière et paix sur lui, pour Lui faire allégeance, avec un groupe de femmes. Nous avons dit: nous vous prêtons allégeance pour ne rien associer à Dieu, ne pas voler, ne pas commettre l'adultère, ne pas tuer nos enfants, ne commettre nul autre forfait et ne pas désobéir en ce qui est convenable. Le Messager de Dieu a dit: selon ce que vous pouvez supporter et en avez la capacité. J'ai dit : Allah et son Messager sont plus miséricordieux envers nous que nous le sommes envers nous-mêmes.
Mme Naïma Jamal Bennis a relevé, à la lumière de ce hadith, que la béia des femmes est un fait éminemment significatif dans la tradition prophétique et l'histoire de l'islam, car elle est révélatrice de la condition élevée à laquelle l'islam a hissé la femme en la considérant comme un membre à part entière de la communauté, à l'égal de l'homme, avec tout ce qui en découle en droits et obligations. Elle a ajouté que, par delà quelques règles spécifiques liées aux différentes physiologiques, les mêmes droits et devoirs s'appliquent communément aux hommes et aux femmes en Islam.
Après avoir relaté les contingences historiques liées à cette béia des femmes, intervenue à la 6ème année de l'Hégire, soit la même année où fut conclut l'accord Al Hodéibia, scellant une trêve entre les musulmans et les idolâtres de Koreich, la conférencière a signalé que cette période de répit a vu affluer à Médine différentes tribus et groupes pour adhérer à l'islam. Elle a considéré comme un fait inédit dans l'histoire de l'Humanité que les femmes aient eu ce privilège d'avoir à sceller un pacte qui les admet pleinement dans la collectivité, avec la jouissances des mêmes droits reconnus aux hommes, sachant qu'un tel fait équivaut à une véritable révolution au regard de la condition de la femme chez les Arabes de la "Jahilia" et dans les civilisations antérieures ou contemporaines de l'islam.
La professeure Naïma Jalal Bennis a souligné que la réponse du Prophète en dit long sur la prévenance et la souplesse qui imprègnent les commandements de l'islam, puisque tenant compte des possibilités de chacun à assumer ses obligations, sans trop l'accabler de conditions rédhibitoires ou trop contraignantes.
Elle a de même évoqué les règles et considérations sur le caractère obligatoire de la Béia en islam, qui signifie la soumission à Dieu, à son Messager et à ceux parmi les membres de la communauté qui sont investis de l'Autorité légitime en matière de protection de la religion et de direction des affaires de la collectivité. La présentation de la béia est dont un impératif catégorique pour une gestion saine des affaires de la communauté, a insisté la conférencière, sans quoi les conditions sereines de la pratique de la religion, de l'adoration de Dieu et de la concrétisation de ses commandements s'en trouveraient absentes.
A la lumière du Hadith précité, la conférencière a répertorié les droits fondamentaux de la femme : droits humains à la vie et au respect de la dignité, droit à l'égalité avec l'homme (notamment en matière de contraction du mariage), mais aussi droits économiques et sociaux où l'islam a fait oeuvre pionnière, avec notamment la reconnaissance de la pleine capacité de la femme à jouir de ses biens, et le droit d'accès à l'instruction et la connaissance aux fins d'optimiser ses chances d'épanouissement personnel et d'être mieux à même de servir sa collectivité.
La professeure Bennis a relevé qu'en droite ligne de cette vision de l'islam, le Maroc s'est attaché à redonner à la femme la place dont elle est digne et ce, depuis le mouvement de réformes émancipatrices lancées par feu SM le Roi Mohammed V, de sorte qu'aujourd'hui la nouvelle ère de SM le Roi Mohammed VI a capitalisé au mieux les progrès du Maroc dans ce domaine pour hisser la femme au rang auquel les prédisposent les grandes potentialités et les remarquables avancées qu'elle a réalisées dans tous les domaines du savoir de la connaissance et de l'expertise.
Au terme de cette causerie, SM le Roi Amir Al-Mouminine a été salué par MM.Taher Tijkani, président du Conseil des Oulémas pour la communauté marocaine en Europe, Abderrahmane Hachemi, conseiller du président de l'Etat des Emirats arabes unis pour les questions juridiques et religieuses, Cheikh Hadj Thierno Hady Tall, vice-Khalifa de la Tariqa Tijania et président du Haut Conseil islamique de Bamako (Mali), et Cheikh Mohammed Ould Abah, un des Oulémas de la Mauritanie.
Le Souverain a également été salué par M. Mounir El Kadiri Boudchich, président du Collectif européen indépendant de la finance islamique en France et M. Aboubakar Doukouré, membre du Conseil de la présidence de l'Union des musulmans du Burkina Faso.
Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq, a ensuite présenté à Amir Al-Mouminine des exemplaires des publications annuelles du ministère. Il s'agit de l'ouvrage "Ibraz addamir min asrar attassddir" de Mohamed Ben Abdeslam El Fassi (1214 Hégire, une étude et enquête de Bouchta Azayet), et "Moujalli al aamaq wa ithmid al ahdaq fi charh ta'iyyate al harraq" de Mohamed Mehdi Ben El Qaddi (1271 Hégire, une étude et enquête de Hanane Fadili).
M. Toufiq a présenté également "Al-fatawa achamila wal ajwiba al-kamila fi massa'il tataâllaq bil âajila wal aajila" d'Abou Abdellah Mohamed Ben Abdeslam Tahiri (rassemblé et classé par Ahmed Majdoubi), "Mohamed Ben Massaoud El Midari el Bounaamani (1330 Hégire) : sa vie et son influence théologique" (étude et enquête d'Ihya Talibi) et "Qawa'îd attafsir înda moufassiri al gharb al islami khilal al-qarn assadiss âchar hijri" de Massoud Rkiti, ainsi que l'ouvrage "les règles en matière d'acquisition d'argent et de sa dépense selon le Coran ...." du prof Daoud A Khmar, et "L'hisoire de Marrakech depuis la fondation jusqu'à 1912" de Gaston de Verdan, traduit par Mohamed Zekraoui et Khaled Maâzouzi.
A cette occasion ,le Pr Ahmed Benchekroun, qui a enseigné à la Faculté des lettres de Rabat, a présenté à SM le Roi son ouvrage: "Le Saint Coran , son exégèse et la traduction de ses significations en langue française", en trois tomes.